Alcool et sexe : un mauvais mélange

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Diminution de l’anxiété, augmentation du désir, l’alcool aurait-il un effet sur le plaisir sexuel ? Hommes et femmes n’ont pas la même perception. L’avis du Dr Gonzague de Larocque, addictologue et sexologue.

L’alcool serait aphrodisiaque. Mythe ou réalité ? Le Dr Gonzague de Larocque, sexologue, addictologue [fn]Gonzague de Larocque est médecin sexologue. Il est co-fondateur du Centre médical de santé sexuelle (Paris) où il exerce en libéral. Il pratique également la sexologie à l’institut Alfred-Fournier.[/fn] attire notre attention sur le fait que cette croyance positive repose sur l’effet « d’attente ».

« Le fait de s’attendre à ce que la sexualité s’améliore suffit pour qu’elle s’améliore effectivement. Or, cet effet est d’autant plus important que les personnes sont culpabilisées ou mal à l’aise par rapport à leur sexualité », explique-t-il.

Les hommes et les femmes attendent-il la même chose ? Pas du tout ! Répond le Dr Gonzague de Larocque. Les hommes espèrent de l’alcool une diminution de l’anxiété et de la culpabilité liée à la sexualité, alors que les femmes s’imaginent plutôt avoir une augmentation du plaisir et une plus grande facilité à s’engager dans un rapport sexuel.

Un verre, ça va…

Mais le sexologue prévient. Au-delà de trois verres pour un homme et deux pour une femme, on entre en zone de toxicité : le foie n’arrivant plus à dégrader l’alcool en trop grande quantité dans le sang, celui-ci arrive au cerveau et l’agresse. Il devient toxique.

« Si l’alcool éveille les sens, il peut aussi piéger le désir dans des comportements addictifs qui nuisent non seulement à la santé physique de l’individu mais aussi à celle, plus psychologique, du couple qu’il veut former », précise-il.

Il rappelle par ailleurs que plus de 60 % des patients alcoolodépendants ont au moins une dysfonction sexuelle en précisant qu’il existe un effet à double entrée : « On peut rentrer dans l’alcoolo-dépendance par une sexualité troublée ou au contraire risquer d’altérer la sexualité par une consommation excessive d’alcool », conclut-il.

Couple : comment sortir de l’alcoolodépendance ?

Etre dépendant à l’alcool peut conduire les couples à des situations de crises. Pour « sauver les meubles », le Dr Gonzague de Larocque a créé une thérapie de couple s’inspirant des thérapies cognitives qui ont fait leurs preuves aux Etats-Unis, dans les années 1970.

Pour que ça marche, il ne faut pas que les deux soient alcooliques, précise le Dr Larocque. Le conjoint qui ne boit pas, sert de « levier de motivation » pour son conjoint malade et assiste aux douze séances prévues par la thérapie.

« On travaille à la fois sur les consommations du patient et sur la capacité d’aider du conjoint, ce que l’on appelle le coping. On fait des plans d’anticipation ensemble. Par exemple, ils vont aller dans un dîner, ils savent que ça va être compliqué pour le patient et l’idée va être de savoir comment le conjoint essaie de l’accompagner pour qu’il ne se mette pas à mentir, raconter des salades pendant le dîner, par exemple. »

Dans cette expérience, sur les dix couples engagés, quatre seulement sont allés jusqu’au bout mais pour ceux-là, tous les conjoints alcooliques ont arrêté de boire en trois mois seulement.