Augmentation des allergies respiratoires

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Les allergologues s’inquiètent du développement des allergies respiratoires sévères et exigent un plan national pour lutter contre ces maladies qui touchent près de 30 % des Français.

Méconnues mais surtout banalisées, les allergies respiratoires (asthme, rhinites allergiques…), sont en constante augmentation ces dernières années. Devant cette recrudescence, les allergologues prennent la parole dans un Livre blanc pour réclamer un plan d’urgence et une reconnaissance de ces maladies qui touchent près de 30 % des Français, contre 3,8 % en 1963.

Allergies : de plus en plus de formes sévères

Les allergologues attirent l’attention du public sur l’augmentation, du nombre de patients souffrant de plusieurs allergies, notamment alimentaires et respiratoires et sur les formes sévères, qui peuvent mener à une hospitalisation : 15 000 personnes sont hospitalisées chaque année pour une crise d’asthme et 1 000 personnes âgées de moins de 65 ans en décèdent, insistent les professionnels.

« Auparavant, les allergies sévères respiratoires se résumaient à l’asthme allergique sévère. Désormais, nous avons affaire à plusieurs maladies allergiques chroniques différentes (asthme allergique sévère, allergies alimentaires, dermatite atopique) chez le même patient qui s’auto-aggravent entre elles » précise dans le Livre blanc, Jocelyne Just, présidente de la Société française d’allergologie (Sfa).

Quelles sont les explications possibles ?

Les allergologues avancent l’hypothèse de l’influence de notre environnement. L’évolution de nos modes de vie, caractérisés par une urbanisation massive et des changements dans nos habitudes alimentaires, la perte de la biodiversité, le réchauffement climatique (s’accompagnant d’un allongement de la période de pollinisation), et aussi la pollution atmosphérique, sont autant de causes qui peuvent expliquer ce phénomène.

L’allergie est très handicapante

Etre allergique est handicapante. En effet, les médecins notent une altération du sommeil, une fatigue intense, des troubles de la concentration, des difficultés scolaires et d’apprentissage, ce qui engendre une détérioration de la vie sociale et professionnelle. Le Livre blanc mentionne une étude menée en Angleterre en 2008 qui a révélé que les adolescents âgés de 15 à 17 ans atteints d’une rhinite pollinique échouaient plus souvent aux examens que les adolescents non allergiques. Sur le plan professionnel, les adultes actifs ne sont pas épargnés et l’errance diagnostique — environ 7 ans avant de poser un diagnostic — est une perte de chances pour les patients.

Les revendications des allergologues

Dix propositions sont à l’ordre du jour du Livre blanc des allergologues, dont la volonté de labelliser les allergies respiratoires comme  Grande Cause nationale  dès 2018, de réfléchir sur l’impact du changement environnemental sur la complexification des allergies respiratoires.

Prenant exemple sur la dynamique créée autour de la vaccination, les allergologues souhaiteraient la création d’un groupe de travail pluridisciplinaire entre acteurs publics, privés et citoyens. Parmi les autres propositions, on note la volonté d’une prise en charge optimale des patients allergiques respiratoires sévères en améliorant le parcours de soins et en réduisant l’errance thérapeutique.

Au chapitre des bonnes nouvelles, il faut mentionner la reconnaissance de l’allergologie comme une spécialité universitaire à la rentrée 2017, qui est une avancée majeure et qui permettra de former 30 internes en médecine la première année. Tout ceci pour anticiper et endiguer les flux de départs à la retraite des allergologues.

Enfin, l’allergologie doit faire partie intégrante de la formation initiale des étudiants en médecine et l’offre de formation continue aux professionnels de santé doit être enrichie de formation en allergologie.