Couple : quand le piège se referme

Le sociologue Jean-Paul Kaufmann analyse, dans son essai Piégée dans son couple, le harcèlement intime que certaines femmes vivent dans leur couple, qui peut aller jusqu’à l’enfermement.

Piégée dans son couple est l’histoire de ces femmes qui ne sont pas heureuses dans leur couple et qui n’arrivent pas à en s’en libérer. L’auteur, Jean-Paul Kaufman, sociologue spécialiste du couple et de la vie quotidienne, nous livre son analyse et ses conseils.

Comment est venue l’idée de ce livre ?

Tout à commencé lorsque j’écrivais mon avant-derner essai,  Un lit pour deux. La tendre guerre. J’ai reçu sur mon blog beaucoup de témoignages de femmes qui parlaient d’une véritable souffrance au sein du couple. Le plus dur, c’est qu’elles n’arrivaient pas à quitter leur conjoint, ne pouvaient rompre… Elles étaient piégées et racontaient leur enfer. Un des récits m’a particulièrement interpellé. Celui-ci même a déclenché une avalanche de témoignages, tous féminins : elles se reconnaissaient dans ce qui était dit et voulaient à tout prix parler à leur tour. Elles tenaient à comprendre le drame qu’elles étaient en train de vivre.

De quel drame parlez-vous ?

De ce piège dans lequel certaines se sont enfermées. Je ne parle pas de la petite crise de couple, des incompréhensions passagères. Je parle de ce piège conjugal, insidieux, qui fait mourir les femmes à petit feu. J’ai voulu analyser précisément ce mécanisme douloureux (vous lirez de nombreux témoignages dans le livre) et tenter d’expliquer pourquoi certaines n’arrivent pas à y échapper. Le premier frein à la décision de partir est parfois en soi-même. Certaines ne trouvent pas l’énergie, ne s’en sentent pas capables, même si elles sont indépendantes financièrement. Peur d’elle-mêmes, de la solitude, peur de la réaction du conjoint, après des années de silence et de torpeur (« J’avais peur qu’il me fasse plus de mal en étant divorcée que mariée, raconte une des femmes qui témoignent dans le livre), peur de faire mal à l’autre, aux enfants… Les raisons matérielles et financières sont évoquées pour d’autres, la crise est passée par là… Le piège se referme quand la confiance, la reconnaissance et la place de l’autre sont cassées et que l’on a l’impression de tomber de plus en plus bas.

Qui sont ces femmes piégées ?

Le piège peut toucher tout le monde. Dans le livre, les femmes qui témoignent ont entre 30 et 50 ans, mais il concerne surtout celles qui surinvestissent la sphère familiale, qui manquent de confiance en elles, celles qui sont le moins autonomes psychologiquement et financièrement. Mais je ne tire pas de conclusions hâtives, car je cite le cas de cette femme qui avait les moyens de se payer un appartement et qui pourtant n’arrivait pas à quitter son mari. Souvent l’entourage ne comprend pas et donc n’est pas d’un grand secours. Dans d’autres cas, ces femmes aiment encore leur conjoint

Quels conseils donnez-vous à ces femmes ?

La relation conjugale est vivante, elle se construit quotidiennement dans la confiance et le respect mutuels. Le couple doit être une cellule où l’on se fait du bien où il y a de la bienveillance. Si ce n’est pas le cas et si la souffrance est insoutenable, lorsque l’énergie vitale est cassée, il faut envisager la séparation en étant accompagnée par un psychologue, un médiateur, des amis, la famille… Mais toutes les crises conjugales n’évoluent pas vers le piège…

Le blog de Jean-Pierre Kaufmann ici.

Piégée dans son couple, de Jean-Paul Kaufmann, éd. Les liens qui libèrent, 17 euros.