Les « Charter Awards » récompensent les communes les plus zélées pour expulser les étrangers

La Cimade et, dans son sillon, les associations de solidarité, a organisé les « Charter Awards ». Le but ? Décerner des prix aux communes les plus zélées dans leurs pratiques illégales ou abusives pour expulser les étrangers.

La cérémonie se déroulait à la Maison des métallos, à Paris, mardi 7 juin. Organisé par la Cimade, association de défense des droits des étrangers, en partenariat avec Médecins du Monde, Emmaüs France, Resf et le Gisti, cet événement se voulait festif, imitant les festivals les plus prestigieux. Pourtant, derrière le tapis rouge, les strass et les paillettes se cachait une réalité au visage plus sordide.

Il s’agissait de décerner les « Charter Awards » aux neuf préfectures les plus zélées dans leurs pratiques illégales ou abusives en matière d’enfermement et d’expulsion des personnes étrangères.

And the award goes to…

Les prix portaient le nom de films célèbres et populaires. La préfecture de Loire-Atlantique a reçu le prix « Je vais bien, ne t’en fais pas », pour son zèle à expulser des personnes gravement malades. Les autres lauréats sont les préfectures de la Gironde (prix 48 Heures chrono), de la Guadeloupe (Fast and Furious), de la Guyane (la Quête du Graal), de la Seine-Saint-Denis (Very Bad Trip), de Haute-Garonne (Maman, j’ai raté l’avion), de la Vienne (le Péril jeune), du Doubs (Nos Enfants chéris).
La préfecture du Pas-de-Calais, star de la cérémonie, s’est distinguée en recevant deux prix : « Retour en enfer », pour avoir expulsé des Soudanais du Darfour dans leur pays en guerre ; et « Tarzan, roi de la Jungle » pour avoir « emmené de force, par avion et par bus, plus de 1 200 personnes, pour les disperser en les enfermant illégalement dans sept centres de rétention ».

L’accès à la santé pour les étrangers est menacé

« Enfermement en rétention de familles avec enfants mineurs, expulsion de personnes gravement malades, dispersion des exilés de Calais abusivement emmenés dans ces lieux de privation de liberté, expulsion vers des pays en guerre, enfermement de ressortissants français ou de personnes en situation régulière… », la Cimade dénonce une remise en question fréquente de l’accès au droit au séjour pour les personnes malades étrangères.

Elle s’inquiète de la loi du 7 mars 2016 qui donne à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) le droit d’évaluer la situation des requérants, et non plus aux médecins des agences régionales de santé.

En mai dernier, dans un rapport, le Défenseur des droits avait aussi alerté sur le sort réservé aux étrangers malades.