« La maladie rend pauvre et la pauvreté rend malade »

Les inégalités de santé sont une réalité en France. Le colloque organisé par le Secours populaire, mercredi 7 octobre, avait pour but d’alerter les pouvoirs publics.

Le colloque intitulé « Santé, pauvreté, précarité », organisé par le Secours populaire à l’Académie de médecine de Paris, mercredi 7 octobre, a réuni des spécialistes pour alerter les pouvoirs publics sur une réalité : aujourd’hui encore, les inégalités de santé persistent en France et devraient être une préoccupation centrale de santé publique.

« Car les crises économiques, les catastrophes touchent toujours les plus démunis, explique le Dr Jean-Claude Ameisen, du comité national consultatif d’éthique, en introduction. La maladie rend pauvre et la pauvreté rend malade. » Il poursuit  :  « En France, nous dépensons beaucoup pour les traitements, mais peu pour la prévention. »

Les chiffres de l’inégalité

Les inégalités sociales de mortalité restent actuellement élevées en France, comparativement aux autres pays européens. D’autre part, les statistiques le confirment, à 35 ans, un cadre a, en moyenne, une espérance de vie de 46 ans, alors qu’un ouvrier du même âge ne dispose que de 39 années à vivre en moyenne.
Chez les enfants d’ouvriers, le risque d’obésité est de près de quatre fois plus élevé que chez les enfants de cadres.

La situation des femmes en France n’est pas très bonne, remarque Gwenn Menvielle, chercheuse à l’Inserm. « On observe une hausse rapide des inégalités sociales de mortalité et le tabac joue un rôle important dans cette évolution », conclut-elle.

Autre injustice : les taux de prématurité et de petit poids de naissance sont bien plus importants chez les enfants venant de foyers dont les revenus sont les plus faibles.

A l’heure où l’on fête les 70 ans de la Sécurité sociale, la solidarité n’est pas complètement au rendez-vous. « Une personne sur cinq renonce ou retarde ses soins pour des raisons financières », rappelle Alfred Spira, médecin bénévole au Secours populaire et, parmi eux, des jeunes, des retraités…

L’obésité gagne du terrain, surtout chez les agriculteurs et les artisans, qui présentent les prévalences de surpoids les plus élevées (70 % chez les hommes et 44 % chez les femmes). A l’inverse, les cadres et le sprofessions intermédiaires présentent les plus faibles prévalences de surpoids (51 % chez les hommes et 27 % chez les femmes).

Les complications liées au diabète sont plus fréquentes chez les personnes défavorisées.

Dans les permanences du Secours populaire, les bénévoles reçoivent des personnes au bout du rouleau, usées par leur conditions de vie, de travail quand elles en ont.

De nombreux facteurs aggravent l’état de santé des populations : une alimentation déséquilibrée, une hygiène défaillante, de mauvaises conditions de logement, l’exclusion sociale et économique, le défaut de formation… « Vouloir améliorer la santé des précaires sans prendre en compte ces facteurs socio-économiques ne peut aboutir qu’à un échec », soutient le Pr Claude Jaffiol, de l’Académie nationale de médecine et intervenant au colloque.