Attentats : comment les entreprises répondent au stress des salariés

Les attentats de 2015 en France ont bouleversé tous les citoyens. Comment répondre au stress des salariés en entreprise ?

Prendre en considération l’humain au sein de l’entreprise est-il devenu une réalité ? C’est en tout cas la question que beaucoup se sont posée lors du deuxième Salon national consacré à la qualité de vie au travail, organisé à Paris le mardi 19 janvier dernier. La prévention est presque devenue une évidence pour les chefs d’entreprise, mais une autre question se pose : comment l’entreprise répond-elle à la violence que nous subissons tous en tant que citoyen, notamment lors des attentats qui ont secoué la France en 2015 ?

Les attentats concernent tout le monde

Entreprises et salariés ont été touchés de près ou de loin par les attentats de 2015. « Après le 13 novembre, nous avons assisté à une augmentation des consultations, explique François Cochet, présent au Salon et président de la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (Firps), créée il y a cinq ans et qui compte une vingtaine d’adhérents pour environ 500 consultants. Plusieurs cabinets ont dû organiser en urgence des cellules de gestion de crise au sein des entreprises », et cela à tous les échelons de la hiérarchie : « Nous avons renforcé certaines formations, comme par exemple :  » Savoir prendre la parole en public « , car certains managers ont éprouvé des difficultés, sans pour cela avoir été touchés de près par les attentats. »

Certaines entreprises ont favorisé le télétravail, quelques jours après, ou créé des groupes de parole informels à la demande des salariés : « Quand je suis arrivée au bureau, le lundi après les attentats, j’ai été heureuse de retrouver tous mes collègues, se souvient Elodie, trente-neuf ans. Aucun d’eux n’a été touché. Mais nous étions tous choqués. Nous avons éprouvé le besoin de nous réunir. Notre employeur nous a mis à disposition une salle où nous avons pu parler librement autour d’un café. » Cela n’a pas été le cas partout. Certains managers estiment que l’entreprise n’est pas le lieu où l’on parle des émotions où de ressentis personnels.

La gestion de crise(s)

Longtemps, les services de ressources humaines ne parlaient que de risques psychosociaux et ne faisaient appel aux professionnels que lorsque les crises étaient présentes (conflits au sein d’équipes de travail, absentéisme…). Aujourd’hui, les sociétés commencent à anticiper et comprennent que les problèmes peuvent être gérés en amont.

Certaines entreprises se sont engagées en prenant des initiatives. « On doit pouvoir être beaucoup plus réactifs pour répondre aux crises violentes, que ce soient des attentas, des braquages, un suicide sur le lieu de travail… a précisé Christophe Rey, vice-président de la Firps, car on y est de plus en plus confrontés, salariés comme chefs d’entreprise. »

D’ailleurs, il rappelle que 80 % des appels dès le week-end des attentats du 13 novembre émanaient des chefs d’entreprises qui souhaitaient mettre en place une aide pour leurs salariés. Les moyens choisis peuvent être des lignes téléphoniques anonymes et gratuites à disposition des salariés, du soutien psychologique, des rencontres entre salariés, un travail de formation, comme un conseil au management sur les comportements à adopter, les discours à tenir, le langage à utiliser ou le renforcement de la solidarité au sein de l’entreprise.