Personnes handicapées : toujours l'exil forcé en Belgique

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Un an après la mobilisation pour « Les Bannis de la République », un rapport parlementaire confirme les faits dénoncés par l’Unapei depuis des années : des milliers de citoyens handicapés continuent d’être exilés en Belgique faute de solutions d’accompagnement adapté de proximité. En 2016, les exils ont continué et même augmenté. 

La Commission des Affaires sociales du Sénat a rendu public fin décembre le rapport d’information des sénateurs Claire-Lise Campion et Philippe Mouiller sur la prise en charge des personnes handicapées françaises dans des établissements situés en dehors du territoire national. Ce rapport, programmé en novembre 2015 suite à l’opération des « Bannis de la République », confirme les faits que l’Unapei (Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis). dénonçait à cette occasion : 6 800 personnes, adultes et enfants, ont été accueillies en 2015 en Belgique sur des financements publics. Le rapport indique une dépense publique estimée à environ 400 millions d’euros pour financer l’accueil de ces citoyens handicapés ce qui ajoute à la détresse humaine engendrée par les exils forcés une aberration économique. 

En 2015, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, avait annoncé la création d’un « fonds d’amorçage » de 15 millions d’euros destiné à financer des solutions alternatives pour stopper les départs contraints en Belgique, fonds reconduit en 2017. Comme l’indique le rapport sénatorial, l’usage qui a été fait de ces fonds reste incertain. Servent-ils effectivement à la prévention des départs en Belgique ? Les derniers chiffres connus permettent d’en douter : en 2016, 8 000 personnes, dont 2 000 enfants, sont accueillies en Belgique.

Luc Gateau, président de l’Unapei déclare : « Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que le drame des exils forcés en Belgique trouve un terme ? Le rapport sénatorial atteste une situation que l’Unapei dénonce depuis des années. Délocaliser notre obligation de solidarité est humainement inacceptable et économiquement insensé. Les situations de détresse, poussant parfois les familles à l’extrême, continuent de faire l’actualité et semblent être perçues comme banales. Ce n’est plus de constats qu’ont besoin les personnes handicapées et leur famille, mais de mesures fortes portées par un gouvernement prêt à financer des solutions d’accompagnement adaptées sur l’ensemble du territoire français. »